Un Givré tatoué
Il porte sur sa peau les parures du passage de la vie, puisant sa source et perpétuellement sa nourriture dans les quatre éléments…
Les racines se plongent dans la terre, l’espadon se meut dans l’eau, le hibou se fait gardien de l’air et l’astre solaire, boule de feu, abrite le fœtus.
Le fœtus est replié sur lui-même, position que l’on faisait prendre aux morts lors des premières sépultures, pour leur faciliter probablement « la renaissance ».
Ainsi donc, tels les saumons, en parcourant la peau du Givré, on peut passer d’un bout à l’autre de l’existence: de la terre matrice offrant son sang et sa substance nourricière à travers le cordon ombilical, jusqu’au fœtus prêt à naître.
Puis du fœtus jusqu’à la terre-poussière à laquelle nous reviendrons en matière, à travers la même veine de sang et de sève.
On peut aussi choisir de s’arrêter au fœtus solaire, âme immortelle, puisque selon Birago Diop : « Ceux qui sont morts ne sont pas sous la terre…ils sont dans l’eau qui coule, dans le sein de la femme et dans l’enfant qui vagit(…) ».
Le Givré dissimule d’autres ‘portes’ du vivant: des calligraphies chinoises signifiant « cœur, vent, mer et lumière », un arbre de vie pointant ses jeunes branches, et également une Mandragore: « Petit homme planté », aux propriétés hallucinogènes, entre l’humain et le végétal, entre l’obscure sorcellerie et la lumineuse magie…
A chacun donc de faire sa propre lecture, son cheminement propre, et de se laisser dériver au gré des courants de cette nouvelle programmation, sans trop frissonner du passage du temps, des colères célestes et des cœurs en tumulte sur nos fragiles existences !
Marie Jourdain, créatrice du Givré