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Siamo Francesi, nous sommes italiens

En partenariat avec le CLEA de Toulon-sur-Arroux, Antipodes accompagne la nouvelle création de Debora Di Gilio, l’une des deux conteuses du Duo Huile d’olive et Beurre salé invité au festival Contes Givrés en 2017.

Intentions et présentation
Quelles histoires se cachent derrière le long cheminement d’une intégration dite réussie?
Quelles épreuves un immigré doit il surmonter pour être considéré aujourd’hui comme bien intégré ?

Étant moi-même italienne, je me suis intéressée à l’immigration de mon pays pour la France. Une immigration qui a vu plusieurs millions d’Italiens fouler le territoire français depuis la fin du XIX siècle jusqu’aux années 70. Certains diront qu’il s’agît d’une vieille immigration. C’est vrai qu’aujourd’hui les italiens sont bien intégrés. Ils sont portés en exemple : nous sommes aujourd’hui les bons immigrés. Alors, quel est l’intérêt de parler de quelque chose qui a l’air de s’être si bien déroulé ?

Ma démarche a été nourri de la curiosité d’aller voir ce qui s’est caché derrière cette face lisse de la réussite. Tout d’abord, je me suis documentée au niveau historique : je suis allée à des colloques, j’ai lu des livres, j’ai vu des documentaires.
J’ai redécouvert qu’on nous appelait Macaroni, Ritales, voleurs de pain, casseurs de grève. J’ai découvert quelques épisodes dramatiques : le massacre d’Aigue Morte où des dizaines de travailleurs italiens ont été tués par des ouvriers français ou encore celui de la mort cachée d’un rital tombé de la Tour Eiffel en construction.
Ensuite, j’ai rencontré et écouté les gens. Les vrais. Ceux qui sont arrivés ici entre 1920 et 1970. D’abord dans la ville où je vis, à Nanterre, dans l’Ouest parisien, ensuite dans d’autres régions de France lors de mes déplacements.
J’ai beau savoir que l’exode italien a été massif mais à chaque fois je suis étonnée de voir comme il y a des italiens partout. Le fait d’avoir une italienne en face d’eux leur rappelle quelles sont leurs origines. L’effet est notable, les langues se délient. Ils ont envie d’en parler, de raconter leur histoire, ou celle de leur parents ou leur grands-parents.

Je me suis alors rendu compte à quel prix , parfois même sacrifices s’est faite l’intégration.

J’ai entendu des histoires qui m’ont émue par l’universalité qu’elles véhiculent. Des histoires qui m’ont montré que de la fragilité, celle causée par le déracinement, par le manque de repères, par l’incompréhension linguistique, peut naître une force : celle de continuer sur le chemin de la vie.
J’ai ressenti les liens entre l’histoire avec un grand H et les destins de ces gens.
Est née en moi une émotion que je me devais de partager, pour eux et leur mémoires mais aussi pour ceux qui arrivent aujourd’hui avec leurs espoirs.

À suivre…